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PAUVRES FLEURS.


On dit que l’on a vu des larmes,
Dans vos regards doux et sans armes ;
Que Dieu fasse tomber ces pleurs,
Sur un front gros de nos malheurs.
Soulagez la terre en démence ;
Faites-y couler la clémence ;
Et priez d’un céleste effroi
Pour tous les prisonniers du roi !

Car ce sont vos enfans, madame,
Adoptés au fond de votre âme,
Quand ils se sont, libres encor,
Rangés sous votre rameau d’or ;
Rappelez aux royales haines,
Ce qu’ils font un jour de leurs chaînes ;
Et priez d’un prudent effroi,
Pour tous les prisonniers du roi !

Ne sentez-vous pas vos entrailles,
Frémir des fraîches funérailles
Dont nos pavés portent le deuil ?
Il est déjà grand le cercueil !