Page:Desbordes-Valmore - Pauvres fleurs, 1839.pdf/174

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
160
PAUVRES FLEURS.


Oui ! dans sa grande voix c’est la terre qui prie,
Qui baigne ta pitié des pleurs des malheureux ;
Qui rallume sa foi pour l’épancher sur eux :
Fais-le content ! mais laisse à ses chants douloureux,
Le charme des vrais pleurs et la force attendrie,
Qui traduit l’homme triste, et porte jusqu’à toi,
Mon Dieu ! l’âme qu’il brûle et qu’il entraîne à soi !

Ainsi perdue et seule au milieu de la foule,
Que son timbre appelait comme un fleuve qui roule,
Pour ce peuple orageux dont le flot se taisait,
Je priais dans mon âme et mon âme disait :

« Pourtant, mon Dieu ! ce monde est plein de belles choses !
Jamais de votre amour les ailes ne sont closes ;
Attentif et penché sur vos enfans en pleurs,
Vous leur semez toujours de l’espoir et des fleurs ! »