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PAUVRES FLEURS


Lorsqu’après de longs bruits un lugubre silence,
Offrant de Pompéï la morne ressemblance,
Immobilisait l’âme aux bonds irrésolus ;
Quand Lyon semblait morte et ne respirait plus ;

Je ne sais à quel arbre, à quel mur solitaire,
Un rossignol caché, libre entre ciel et terre,
Prenant cette stupeur pour le calme d’un bois,
Exhalait sur la mort son innocente voix !

Je l’entendis sept jours au fond de ma prière ;
Seul requiem chanté sur le grand cimetière :
Puis, la bombe troua le mur mélodieux,
Et l’hymne épouvantée alla finir aux cieux !

Depuis, j’ai renfermé comme en leur chrysalide,
Mes ailes, qu’au départ il faut étendre encor,
Et l’oreille inclinée à votre hymne limpide,
Je laisse aller mon âme en ce plaintif accord.


Lyon, 1834