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PAUVRES FLEURS.

Mais, puisque vers vos cieux nous regardons toujours,
C’est donc qu’un bien s’y cache et qu’il manque à nos jours ?
Oui ! quand mes souvenirs se lèvent et gémissent,
Je sens, dans un frisson sur moi prompt à couler,
Comme des ailes qui frémissent,
Toujours prêtes à s’envoler !

Dis ! n’est-ce pas ainsi, fille mélodieuse,
Que s’élançait ton cœur pour entraîner tes pas,
Lorsque ton cœur s’ouvrit plein de sa foi pieuse,
Appelant l’avenir… qui ne répondit pas :

Car, voici ma prière envoyée à ta tombe !
Au bord de l’urne blanche où s’amassent nos fleurs,
Viendras-tu pas poser ton âme de colombe,
Pour compter les amis qui t’ont donné leurs pleurs ?
Qu’importe que la voix soit obscure ou sublime :
La douleur n’a qu’un cri qui sort du même abîme ;
Et le Christ, en mourant, n’entendit sur sa croix,
Que ceux qui lui criaient : Mon Dieu ! j’aime et je crois !