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PAUVRES FLEURS

Et je n’entrevis pas sa crédule candeur,
Sans plaindre de ses yeux l’ardente profondeur !

On épuisait alors cette vivante lyre ;
Sa souffrance voilée, on la lui faisait lire ;
Car le monde veut tout quand il daigne écouter ;
Et quand il a dit : Chante ! il faut toujours chanter !
Par d’innocens flatteurs innocemment déçue,
Son âme s’écoulait victime inaperçue,
Et quand l’oiseau malade à son toit remontait,
Sous son aile traînante et fiévreuse il chantait !
Il cherchait d’autres sons pour saluer la foule,
Cette foule qui cause, et qui passe et qui roule ;
En vain, ses chants mêlés de courage et d’effroi ;
Dirent bientôt : « Je souffre et j’attends !… sauvez-moi ! »

Je ne pus que l’aimer d’une tendresse amère ;
Qu’assister, prophétique aux larmes de sa mère,
Puis, avec le transport d’une interne frayeur,
Emporter mes enfans plus serrés à mon cœur !
Ce qui résonne en nous de tendresse profonde,
Mon Dieu ! n’a pas long-temps son écho dans ce monde :