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PAUVRES FLEURS


Croyant qu’il est partout des brises embaumées,
Tu vins heurter ton cœur à des portes fermées ;
Tu dis long-temps : « C’est moi ! je passe… il faut ouvrir… »
La réponse fut lente et tu viens d’en mourir !
Et l’harmonie en pleurs tremblait dans ta parole,
Enfant ! ton premier chant commence un cri d’adieu ;
Ce cri poussé, perdu dans un écho frivole,
Grave pourtant, déjà se réclamait de Dieu.
Que lui demandais-tu ? de l’air libre et des ailes :
Tu les as ! nous vois-tu traîner nos pieds sous elles,
Porter pierre sur pierre à ton doux monument,
Pour charmer ta jeune ombre en son isolement ?
Pour dire au temps : voyez ! elle était chaste, aimée,
Elle avait une voix qui survit à la mort ;
Une âme, dont la forme est vite consumée ;
Qui vient chanter sa plainte et s’en va sans remord.
Un soupir, s’il vous plaît, à la poète fille !
Une eau pure au gazon qui la couvre déjà !
Une fleur sur la fleur qui se cache et qui brille !
Un regret au roseau que le vent détacha !
Une larme à sa mère… elle vit après elle !
Sans pleurer son enfant, ne vous éloignez pas ;