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PAUVRES FLEURS.


Quoi donc ! quand près des flots Dieu sema ton enfance,
Dieu ne t’y laissait point sans joie et sans défense :
Tes longs yeux découvraient dans le désert des nuits,
Quelque astre sympathique à tes jeunes ennuis ;
Tu te chantais au ciel, à ta mère bénie,
Qui t’appelait son jour ! sa naissante harmonie !
Et le ciel et ta mère et les flots et les monts,
À tes cris : Aimez-moi ! répondaient : Nous t’aimons !

Toute sonore au bruit du mugissant rivage,
Regardant le navire enfler sa voile au vent,
Ta flottante espérance aventurait souvent
Un doux château dans l’air, un nid sur un nuage :
Libres alors, jamais tes beaux songes brisés,
Ne retombaient sur toi, pleurans et méprisés !

Mais flamme passagère et vouée à la flamme,
La cité lumineuse éblouissait ton âme,
Et livrant ta faiblesse aux dangers des chemins,
Pour enhardir ton vol on te battait des mains :