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PAUVRES FLEURS.

Comme l’orgue frappé par un accord plaintif,
Le prolonge et l’emporte à quelque ange attentif,
Il a prié pour tous ! Incline-toi, mon âme,
Devant l’hymne qui passe au toit d’une humble femme,
Tombé pur et sans faste à mes foyers déserts,
Pour me parler du ciel au fond de mes revers !

Que je voudrais le voir marcher libre et sans garde !
Que je voudrais dorer le point noir qu’il regarde,
L’avenir ! mais on dit qu’aux murs sans horizon,
Las, bien las d’évoquer les voix vides du monde,
On entend tout à coup comme une paix profonde,
Au silence d’une prison :
Qu’un seul juge y descend ; qu’il y voit les pensées,
Au fond des cœurs pressées,
Comme on voit d’un ruisseau,
Flotter les fleurs dans l’eau !
Que son souffle jamais n’y soulève d’orages ;
Qu’il rallume une étoile à la nuit des naufrages ;
Qu’il ramène tout l’homme à son berceau des cieux ;
Que son regard surmonte une égarante flamme,