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PAUVRES FLEURS.


Qu’elle soit d’aigle ou de colombe,
Dieu prend l’âme échappée aux filets de la tombe,
Et sur son cœur de père, inondé de clarté,
Il dilate ce souffle un moment arrêté.

Un jour il verse aux rois, sous quelque blanche hostie,
Et le dégoût du sang et la soif d’être aimé ;
Puis, dans un songe assis sur leur cœur désarmé,
Des voix d’enfant criant : Amnistie ! amnistie !
Puis, s’il s’éveille au cri qui vient de l’étonner,
Ce cœur de roi, chargé d’une lourde couronne,
Tremblant sous les grandeurs dont l’effroi l’environne
Se protège une fois du droit de pardonner !

Mais d’où vient qu’un captif assiége ma pensée ?
D’où vient que de son nom je me sens oppressée ?
Ah ! c’est qu’il est captif ! c’est qu’il a dans les fers,
Le courage sans bruit et la douceur profonde,
Que voilait trop d’éclat quand il était du monde ;
Ah ! c’est qu’il a grandi des maux qu’il a soufferts !