Page:Desbordes-Valmore - Pauvres fleurs, 1839.pdf/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
127
PAUVRES FLEURS

Amère lustrale !
Sombre cathédrale,
Où s’est caché Dieu ;
Jardin des Olives,
Sol aux ronces vives,
Mon calvaire, adieu !

Allons ! je n’entre pas dans un désert ; la vie,
Autour de moi se meut ; j’ai mon ombre au soleil ;
Partout je trouve terre où le ciel m’a suivie ;
Partout quelque oiseau chante au fond de mon sommeil.
Naguère, quand leurs traits dans l’ombre m’ont touchée,
Je m’en allai vers Dieu : j’y retourne aujourd’hui ;
Car sa main est pour tous et je m’y sens cachée ;
Elle s’étend vers moi ; moi, je me sauve à lui !

Et sous cette main qui délivre,
J’entrerai comme tous aux cieux ;
Là, leur or ne pourra les suivre ;
Moi, je n’y porterai qu’un livre,
Fermé maintenant à leurs yeux