Page:Desbordes-Valmore - Pauvres fleurs, 1839.pdf/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
126
PAUVRES FLEURS.


D’où vient donc que ce jour surpasse la tristesse,
De tous les jours tombés hors de ma vie ? eh ! quoi,
Sur mes heures que pousse une immobile loi,
Le pied du temps bondit de la même vitesse ;
D’où vient donc que j’étouffe au sein de l’univers ?
Ah ! c’est qu’ils m’ont blessée au milieu de la foule ;
Du grand arbre agité, feuille que le vent roule,
Ils ont soufflé loin d’eux mes mobiles revers.

Allons donc ! adieu donc, ville inhospitalière,
Ville trois fois fermée à mes humbles malheurs,
Pour d’autres si riante et si pleine de fleurs,
Où ma vie arriva, blonde et pure écolière,
À quinze ans : ville austère où j’appris à pleurer,
Où j’apportais un cœur si tendre à déchirer !

Pour la voix qui pleure,
Vallon sans écho,
Où je buvais l’heure,
Froide comme l’eau ;