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PAUVRES FLEURS.


Quand tu pourrais, sœur Morave,
Silencieuse à toujours,
Sous une loi morne et grave,
Immobiliser tes jours ;
Cesserais-tu, mon pauvre ange,
D’écouter vivre et souffrir,
Ton cœur, ce malade étrange
Qui n’a peur que de guérir !

Quand sur le marbre et la pierre,
Tu verserais l’oraison,
Pour évoquer la lumière,
Qui rallume la raison ;
Quand ta voix éteinte au monde,
S’enfermerait sans retour,
Une autre voix plus profonde,
Te crierait encore : « Amour ! »

Tous les cloîtres de la terre,
Mentent à ton désespoir ;
Dans son plus chaste mystère,
Dieu n’a pas de manteau noir,