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FLEUR D’ENFANCE



L’haleine d’une fleur sauvage,
En passant tout près de mon cœur,
Vient de m’emporter au rivage
Où naguère aussi j’étais fleur.
Comme au fond d’un prisme où tout change,
Où tout se relève à mes yeux,
Je vois un enfant aux yeux d’ange :
C’était mon petit amoureux !

Parfum de sa neuvième année,
Je respire encor ton pouvoir.
Fleur à mon enfance donnée,
Je t’aime comme son miroir.
Nos jours ont séparé leur trame,
Mais tu me rappelles ses yeux ;
J’y regardais flotter mon âme :
C’était mon petit amoureux !

De blonds cheveux en auréole,
Un regard tout voilé d’azur,
Une brève et tendre parole,
Voilà son portrait jeune et pur.