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Ô ma mère ! vos traits ont la douceur du ciel.
La vierge des enfants, que l’on prie à Noël,
Est comme vous tendre et sévère :
Oui, vous lui ressemblez. J’y pense en vous voyant,
Et c’est vous que je vois, ma mère, en la priant !
À l’église une fois vous êtes apparue,
Et la foule indigente en joie est accourue ;
Vos habits étaient gais ; vous étiez blanche ; et moi
Je disais : C’est ma mère ! et l’on disait : « Hé ! quoi !
C’est sa mère ! » Ah ! maman, quel bonheur !

C’est sa mère ! » Ah ! maman, quel bonheur !— Je t’écoute,
Et je plains ton doux rêve ; il me touche. Il m’en coûte
D’attrister le miroir attaché sur ton cœur,
Où tu me trouves belle, où je me vois aimée ;
Mais, regarde, et gémis d’être un enfant moqueur :
Je suis laide.
Je suis laide.— Ma mère !…
Je suis laide. — Ma mère !…— Enfant ! je vous afflige ?
Je vous ôte un bandeau. Je suis laide, vous dis-je ;
Un jour, un petit Paul aussi rira de moi.