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Vous avez donc ri, Paul ? — Oui, mère, sous mon livre.
— Qui vous rendait si gai ?
Qui vous rendait si gai ? — Christophe. Il est affreux,
Christophe ! Il a l’œil trouble et la tête enfoncée.
Ses bras vont jusqu’à terre, et sa jambe est torsée,
Comment cela !
Comment cela ! — C’est triste.
Comment cela ! — C’est triste. — Oui, si je l’avais su :
Mais je n’avais jamais vu d’écolier bossu ;
J’ai cru que les bossus venaient tout vieux au monde,
Comme Ésope à mon livre.
Comme Ésope à mon livre.— Ésope fut enfant,
Et sa mère pleura. Pitié douce et profonde,
La laideur s’embellit quand ta voix la défend.
L’homme apporte des maux dont rien ne le console !


— Mais Christophe, ma mère, est un rude garçon ;
Ce n’est qu’un paysan, le dernier dans l’école.
Et comme on riait trop pour suivre la leçon,
J’ai dit : Ésope ! Ésope ! en regardant Christophe ;