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SARAH.

— Dieu nous voit, lui dit-elle, laisse-moi m’en aller.

— Non, non, j’ai mille choses à t’apprendre. Silvain t’a trompée, tu n’es pas… oh ! non, tu n’es pas esclave ; de qui pourrais-tu l’être ? tu seras libre, Sarah, libre de refuser tous les époux qui s’offriront à toi. Les haïras-tu ? les refuseras-tu ? »

Elle leva les yeux alors ; ils portèrent sa réponse dans le cœur d’Edwin, qui, revenant à sa douleur, lui révéla toute leur infortune et leur séparation prochaine.

« Je sais tout, répondit-elle en le repoussant d’une main faible, laisse-moi m’en aller.

— Si tu savais tout, Sarah, si tu savais combien je suis malheureux, pourrais-tu de toi-même t’éloigner de moi, de moi qui t’aime et qui meurs de t’aimer ?

— Je ne t’ai pas entendu, s’écria