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SARAH.

que Silvain pouvait les surprendre avec l’aurore qui se montrait, sortit de sa hutte ; et, s’assurant que personne n’était encore levé dans l’habitation, il y reconduisit Sarah, en promettant de lui dire, dès qu’ils pourraient se parler, tout ce qu’il avait encore à lui apprendre sur elle-même et sur un projet qu’il roulait dans sa tête depuis long-temps. Sarah, lasse et accablée, s’endormit à l’heure où elle s’éveillait chaque jour, et retrouva dans le sommeil toutes les images qu’Arsène venait de faire passer devant son ame.

Tout avait changé dans cette demeure autrefois si paisible. Le calme n’était plus qu’apparent ; le silence y cachait le trouble, les soupçons et la crainte. Edwin, que son père ne quittait plus, attachait sur Sarah des regards si douloureux, si pénétrans, qu’elle ne pouvait les soutenir. Quand ils se parlaient, leurs