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SARAH.

litude ; ils pleurent, mais ils n’ont pas de honte.

Cependant la nuit était sans fraîcheur et sans repos. Sarah, qui attendait le sommeil, ne put fermer les yeux ; son agitation lui donna le courage d’en sortir ; elle se leva sans bruit, reprit sa robe légère ; puis, ouvrant ses jalousies, elle franchit facilement la fenêtre qui donnait sur la montagne, et s’avança, priant le ciel de la conduire jusqu’à la petite cabane d’Arsène, qu’elle entr’ouvrit, en l’appelant à voix basse.

Arsène, qui dormait profondément, s’éveillant avec peine, et voyant, à la clarté des étoiles, cette jeune fille vêtue de blanc, se mit sur ses genoux, croisant les mains sur sa tête avec une grande frayeur, car il la prenait, comme il l’avoua lui-même, pour l’ombre d’une jeune femme qu’il avait vue mourir.

« Reconnais-moi, bon Arsène, lui