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SARAH.

ramener par M. Primrose, en marchant à son côté, silencieux et la tête baissée, dans le plus grand abattement.

Mais, sur le point de rentrer à l’habitation, la voix de Silvain, qu’il entendit au dedans, l’arrêta tout-à-coup ; elle lui rappela les larmes de Sarah ; et, saisissant les mains de son père, il le força de s’arrêter aussi.

« Est-il vrai, lui dit-il, ô mon père ! que Silvain ose l’aimer ? qu’il soit autorisé par vous à lui parler en maître ? Enfin, ajoutait-il avec désespoir, est-il vrai qu’elle soit esclave ? »

M. Primrose, affligé de la vivacité d’Edwin, qui paraissait presqu’en délire, lui répondit doucement, mais avec gravité, « que Sarah n’était esclave que de son devoir, comme ils l’étaient eux-mêmes ; que c’était sans doute un maître sévère, mais si