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SARAH.

dinaire aveuglement des esclaves traités avec trop d’indulgence.

— Des esclaves ! dit Sarah stupéfaite.

— Pensez-vous être autre chose ? poursuivit-il ? Où sont vos parens ? où est votre patrie ? où sont vos biens ? personne ne vous connaît, si ce n’est Arsène ; personne ne vous réclame et ne s’inquiète de votre existence, si ce n’est ce misérable nègre, qui est venu mendier pour vous un asile et une pitié dont vous abusez aujourd’hui, en donnant de l’amour au fils de votre maître, et en l’excitant à la haine contre ceux qu’il devrait respecter.

— Dieu ! dit Sarah, en s’appuyant contre un arbre, l’ai-je bien entendu ! je suis esclave ! je l’ignorais, j’ignore tout !

— Grâce à la faiblesse de M. Primrose, qui vous a épargné la vérité, parce qu’elle est dure ; je la dis,