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SARAH.

faire tant de mal à la suite. Oh ! non, continua-t-elle, en joignant les mains, vous ne donnerez pas Sarah pour femme à un autre qu’Edwin ; c’est moi que vous choisirez pour rendre sa vie heureuse comme notre enfance, qui finit à peine. Vous ne donnerez pas ma jeunesse à Silvain, qui me fait peur ; j’aimerais mieux la donner à la mort. »

M. Primrose tressaillit ; ce mot était triste à son ame comme le nom de Jenny. « Sarah, dit-il avec douceur, n’abusez pas des mots : le protecteur de vos premières années ne peut vouloir votre mort. En éclairant votre ame, en vous apprenant la vertu, en éloignant de vous les dangers, la servitude où vous aurait jetée peut-être l’abandon de vos parens, ne les ai-je pas remplacés ? mais pouvez-vous exiger davantage ? est-ce en m’affligeant que vous reconnaîtrez mes soins ? et, parce que