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SARAH.

L’aurore était levée, et Sarah descendue au petit jardin, où elle nourrissait elle-même quelques oiseaux des îles. Il n’avait jamais si bien vu cette figure ravissante, plus belle encore de l’émotion de la veille ; sa taille légère, ses grâces délicates, ses yeux où le ciel s’était peint lui-même ; il s’arrêta. Un sentiment de justice lui fit penser, peut-être, que celui qui n’avait pas connu Jenny devait aimer cette douce créature. Sarah, qui l’aperçut, courut au-devant de lui, pleine de confiance et d’abandon ; elle tenait dans ses mains des fleurs qu’elle lui offrit, parce qu’elles étaient belles. Jamais le père d’Edwin ne lui avait été si cher que dans ce moment, où il venait déchirer, en l’éclairant, son ame tendre et reconnaissante. Il éloigna doucement les fleurs qu’elle lui offrait, et la fit asseoir près de lui.

« Sarah, dit-il, écoutez-moi. L’in-