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SARAH.

je vous la donne ; car il me semble, Silvain, que vous la méritez. »

Silvain se croit l’époux de Sarah ; il s’éloigne triomphant, la tête haute ; il brûle de la protéger, et s’y prépare avec dignité. Quelle surprise ! quelle reconnaissance il va lire dans les beaux yeux de la jeune fille ! l’impatience qu’il en éprouve lui donne des ailes ; il gravit rapidement la montagne, et semble dire en courant à ceux qu’il rencontre : « Ne m’arrêtez pas, une belle fille m’attend pour me rendre riche. »

Il cherche Sarah, il la voit presque penchée sur le cœur d’Edwin, lisant à ses côtés. Il surprend son regard plus tendrement animé qu’il ne l’avait osé croire pour lui-même ; ses idées se bouleversent ; la jalousie entre dans son ame aussi promptement que l’espoir. D’une voix forte il appelle Arsène, qu’il ose injurier pour la première fois ; il effraye la timide Sarah, qui