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SARAH.

Sarah lui permet-elle d’y prétendre ? N’est-elle qu’une esclave protégée ?… Sa blancheur éclatante semble attester qu’elle est d’un sang libre ; nul mélange n’en altère la pureté ; on le voit courir sur ses joues, comme une rose effeuillée sur la neige. N’est-elle qu’une orpheline étrangère ? Les égards touchans de M. Primrose n’autorisent-ils pas à penser qu’il y tient par quelque lien secret ?… Mais, s’il n’ose l’avouer et la reconnaître, qui la mérite mieux que moi ? Peut-il mieux assurer son bonheur, qu’en me l’accordant avec une riche dot ? Il me récompense ainsi d’avoir veillé si long-temps sur des biens qu’il néglige et que je mérite de partager. Peut-il mieux justifier les bienfaits qu’il lui destine sans doute, qu’en les versant sur elle par les mains d’un homme qui lui donne un état et son nom, et qui depuis quinze ans