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SARAH.

passait à l’autre rive. Demain était le seul mot prononcé dans ces promenades mélancoliques.

Pendant son absence, Edwin, Sarah et le fidèle Arsène, l’attendaient souvent à la porte de l’habitation ; ils y respiraient la fraîcheur d’une brise légère qui agitait les larges feuilles des bananiers sous lesquels ils étaient assis. Un jour, le livre de M. Primrose était resté près d’eux, Edwin l’ouvrit ; bientôt ses yeux et son ame y parurent attachés, comme ils s’attachaient souvent aux regards de Sarah. Surprise de le voir si long-temps enchaîné par sa lecture, elle forçait un peu la voix en chantant, pour distraire son attention, tandis qu’Arsène, à quelque distance, jouait du bamboula, instrument délicieux à l’oreille d’un nègre.

« Que ce livre est beau ! s’écria tout-à-coup Edwin ; qu’il m’apprend de choses ! quelle lumière y est comme