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SARAH.

ce que tu dis : tes moindres paroles me jettent dans l’ame une foule d’idées nouvelles qui s’y développent et la remplissent, comme quelques grains jetés au hasard font éclore de la terre qui les recueille mille fois plus qu’elle n’a reçu. Oui ! mes idées naissent des tiennes ; je les attends, mon ame s’ouvre pour s’en nourrir. Oui, Sarah ! parle-moi sans cesse, rappelle-moi les leçons de mon père ; j’apprendrai tout ce qu’il voudra. »

Sarah touchait à sa treizième année, qu’elle ne savait encore si elle devait commander ou obéir un jour. L’ignorance profonde où on la laissait sur son sort en faisait sans doute le charme. Elle était en ce monde pour aimer, voilà ce qu’elle savait d’elle-même ; pour se faire chérir, c’était tout ce qu’elle souhaitait des autres ; et tous ceux qui l’ont connue disent qu’ils l’ont aimée. Ils