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SARAH.

aujourd’hui, je me rappelais mon rivage. Ma mère, peut-être, va tous les jours m’y chercher, en m’appelant à haute voix. Je crois l’entendre quand les flots accourent vers moi, quand le vent balance les palmiers, quand un oiseau de mer vole rapidement sur ma tête. Oui, petite Sarah, tout ce qui est doux et plaintif, tout ce qui forme un murmure à mon oreille, une caresse sur mon front et sur mes joues, tout cela est le souffle et la voix d’une mère… Oh ! que j’aimais sa voix ! »

L’étonnement et la tristesse se peignaient sur la figure de Sarah. Edwin, qui la cherchait partout pour jouer, la trouva, le cœur gonflé des larmes d’Arsène. D’abord, il ne vit qu’elle et son chagrin, dont il voulut connaître la cause. « Il pleure, dit-elle en le montrant. Oh ! Edwin, si tu savais ce que c’est qu’une mère ! le sais-tu ? — Non, dit Edwin,