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ADRIENNE.

une autre douleur avait prolongé la vie d’Adrienne ; mais elle retrouva le pressentiment de sa fin prochaine aussitôt qu’elle cessa de trembler pour la vie d’Andréa. Elle rêvait souvent, dans sa tendre sollicitude, à lui préparer un lien assez cher pour le consoler, ou du moins pour lui adoucir sa perte. Elle voulait voir Georgie, la fille de sa sœur, qu’elle rappelait dans chacune de ses lettres. « Venez, venez, lui écrivait-elle, ô Clémentine ! il est temps. » Elle vint en effet retrouver Adrienne, sa chère Adrienne, méconnaissable pour ceux qui ne l’avaient pas suivie dans le progrès de ses longues douleurs. Clémentine fut navrée ; en la pressant dans ses bras, elle sentit qu’elle n’y tenait déjà plus qu’une ombre prête à lui échapper, et elles se regardèrent dans un silence qui disait tout.

Georgie, que sa mère amenait avec elle, était une charmante créature, plus