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ADRIENNE.

ternes restaient attachés sur le conteur, qui venait de dévoiler le sort d’Arthur.

Un silence morne régna quelques instans ; personne n’osait le rompre. On attendait avec inquiétude l’effet d’une nouvelle si désastreuse que l’on n’avait pu prévenir. Mais pas une plainte ne sortit de ce cœur frappé à mort. C’était comme une blessure refermée aussitôt que reçue, et d’où ne peut s’échapper une goutte de sang. Pas une larme ne tomba de ses yeux arides ; on l’emporta, non privée de la vie, mais dans un état effrayant d’insensibilité, qui semblait n’appeler aucun secours, aucune vaine consolation. Andréa la suivit dans le même silence, et l’on crut que, pour lui du moins, cette révélation serait moins funeste. Mona, désolée, gémit inutilement aux pieds d’Adrienne, qui ne répondait rien à ses questions et à ses larmes qu’elle