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ADRIENNE.

nait l’espoir d’une tranquillité prochaine. Nous transportâmes l’infortuné dont j’ai parlé, tout évanoui qu’il était encore ; une blessure profonde qu’il avait reçue à la tête nous laissa peu d’espoir de le rappeler à la vie. Épuisé par la perte de son sang et par les efforts qu’il avait opposés long-temps aux flots, il n’ouvrit en effet les yeux que pour retomber dans un accablement que nous jugeâmes mortel. Il nous regarda pourtant encore ; mais sa vue se voilait pour toujours. Il voulut nous parler, et ne put que proférer d’une voix lente et coupée les noms d’Adrienne et d’Andréa, que nous prîmes le soin d’écrire. Après quelques sanglots, il expira au milieu de tout l’équipage consterné d’une fin si prématurée ; car il était jeune et d’une figure admirable, quoique décolorée par la mort.

Tous les yeux se tournèrent à la fois sur Adrienne, dont les regards fixés et