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ADRIENNE.

— Haïssez-moi, Madame, si vous en avez le courage ; mais continua-t-il d’un ton solennel et triste, j’abandonne à votre vertu ce que la mienne doit fuir. J’ai respecté votre sœur, mais je l’adore ; je ne puis plus vivre sans elle, mais je ne l’aurais obtenue que par un crime, et je m’en sépare. Voilà tous mes droits à votre haine… Demain, vous me reverrez, mais seul, au moment… le plus terrible vient de passer. Vous daignerez recevoir avec mon dernier adieu le secret qui tourmente ma vie, et qui mourrait avec moi, s’il ne devait, en me justifiant dans votre estime, me laisser un juge moins sévère auprès d’Adrienne. Vous le partagerez avec elle, quand sa raison, perdue aujourd’hui comme la mienne, pourra l’apprendre sans danger pour sa vie : car elle m’aime, je le crois ! s’écria-t-il avec un sourire douloureux. Ne le croyez-vous pas aussi, Madame ? »