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ADRIENNE.

je parte ! veux-tu me suivre ? veux-tu rester ? choisis entr’elle et moi. Je jure par l’honneur que je souscris à ton choix ; mais point de réflexion ; décide à l’instant. »

Une affreuse pâleur se répandit sur les joues d’Andréa. L’irrésolution et l’effroi se peignirent dans ses regards, qu’il fixait alternativement sur Adrienne et sur son frère ; mais il restait frappé de terreur. Ses deux mains étendues vers eux étaient agitées d’un tremblement convulsif. Il ne pouvait parler ; il ne pouvait choisir : la nature choisit pour lui et le précipita, privé de sentiment, aux genoux d’Adrienne.

« Le sacrifice est entier, dit Arthur ; je ne me sauve du danger qu’en y laissant ma vie. Adrienne, garde-moi cet enfant ; si mon retour est jamais permis et possible, retiens-en ce gage. Apprends… non ! n’oublie pas que je n’ai rien en ce monde de plus cher avec toi. »

Alors, couvrant de baisers l’enfant