Page:Desbordes-Valmore - Les Veillées des Antilles, tome 2, 1821.pdf/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
191
ADRIENNE.

rire en donnant la mort à celui qui respectait son repos et son innocence. »

En achevant ces mots, qui tuaient la pauvre Adrienne, il repoussa durement sa main qu’il avait saisie d’abord, et s’enfuit dans un courroux égal au triste étonnement de celle qui en était l’objet.

En retournant vers sa sœur, elle chancelait, elle la regardait fixement comme quelqu’un qui rêve et qui ne reconnaît plus rien autour de soi. L’immobilité et la pâleur de ses traits effrayèrent cette aimable sœur, qui la regardait à son tour, en tremblant de l'interroger. Adrienne enfin s’assit auprès d’elle, et, prenant sa main qu’elle pressa sur son front, comme pour y retenir ses idées qui s’enfuyaient, elle lui dit faiblement :

« Je suis perdue, ma sœur ! je me suis trompée »

Dès qu’elle fut en état de lui rendre compte de l’adieu d’Arthur, de cette