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ADRIENNE.

de tristesse. Andréa, dans l’entière et heureuse liberté de son ame, disait alors, en saisissant la main d’Adrienne : « Je veux aller avec toi. » Arthur ajoutait avec douceur : « Emmenez-vous cet enfant, Mademoiselle ?… Permettez-vous, Madame, qu’il vous suive chez vos heureux amis ? — Si vous pouvez demeurer seul à l’attendre, répondait Adrienne, je lui sais gré de ce qu’il va perdre pour moi ; une journée sans vous, sir Arthur ! oh ! il la regrettera, j’en suis sûre ; mais, puisqu’il veut bien me suivre, lui, j’accepte le sacrifice ; j’en suis touchée. J’en suis très-touchée, » répétait-elle les larmes aux yeux ; et elle embrassait Andréa, pour les cacher sans doute ; mais l’émotion d’Arthur prouvait qu’il les sentait couler, elle attestait à Clémentine, qui l’observait sans cesse, que, s’il fuyait les froids plaisirs du monde, il y suivait du cœur celle qui n’y voyait que lui.