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ADRIENNE.

avec avidité, comme si le souffle d’Adrienne eût été l’air de sa vie.

Il n’en était pas ainsi d’Arthur ; moins heureux qu’entraîné par le même ascendant, il renfermait avec une sorte d’obstination les traces d’une sensibilité trop vive, qui ne se révélait que par le feu de ses regards. La froideur de son maintien, la contrainte de ses discours démentaient ces preuves rapides du trouble qui le poursuivait. Même auprès d’Adrienne, il semblait la fuir ; il semblait lui disputait son ame, qu’elle appelait en silence, et lui refuser toutes les facultés tendres qu’elle y réveillait, parce qu’il en avait fait peut-être une épreuve funeste ; enfin il n’était attiré vers elle que pour la repousser avec plus d’effroi. Espérait-il la sauver du danger qu’il redoutait pour lui ? Cette crainte tardive n’avait plus rien à prévenir ; c’en était fait : le mal était sans remède et sans terme. Séduite avec la sécurité de l’innocence, elle