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ADRIENNE.

le bras d’un air mystérieux et content ; mais à mesure qu’il écoutait cette voix, elle frappait si puissamment sur son cœur, que sa respiration devenait lente et pénible ; ses yeux roulaient des larmes ; tous ses traits altérés décelaient une souffrance qui effraya son frère, et l’arracha sans doute au douloureux prestige qui le troublait lui-même.

Il vit une vieille esclave assise sur le seuil, qui tressait des nattes de jonc. Il lui confia l’enfant, et la pria de le conduire à sa jeune maîtresse.

« Ma maîtresse, dit la vieille Mona, séduite par le charme des paroles d’Arthur, ma maîtresse languit dans sa case. Écoutez comme elle chante ; on dirait qu’elle pleure. Mais ce petit blanc si beau doit porter bonheur : venez, petit blanc, venez lui dire bonjour. »

Alors elle l’emporta dans ses bras jusqu’au près d’Adrienne, où Arthur,