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SARAH.

sa gaîté, m’entraîna vers la ville d’où sortait cette musique qui annonçait la retraite, qui remontait au fort établi sur un rocher voisin. Je remarquai avec surprise que le musicien était masqué, et courait en dansant au-devant du tambour qui le suivait. Ce spectacle, nouveau pour moi, me fit oublier à mon tour l’impression sérieuse que j’avais éprouvée, et nous nous mîmes à danser aussi sur l’air éclatant qui semblait nous y inviter.

Toutes les jeunes créoles accoururent se réunir à nous, et se dispersèrent bientôt après de leur côté.

Descendues à l’entrée de l’île, Eugénie, pressée de rejoindre sa mère, me dit adieu, et m’indiqua le chemin le plus sûr pour retrouver la mienne. Elle se perdit alors à mes yeux sur les rochers noirâtres, et je demeurai seule au bord de la mer, presqu’intimidée de l’ombre qui la confondait