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SARAH.

se révoltaient entr’eux, sortit précipitamment de chez son père ; et voyant courir Arsène, les bras au ciel, criant toujours, il l’appela de son côté. Le nègre se jeta sur ses pas dans la chambre où ils étaient tous réunis. Il sembla près d’expirer aux genoux de Sarah, tant il eut de peine à articuler ces mots : « Esclave ! non, jamais esclave ! blanche et libre, libre comme sa mère ! Oh ! méchante petite maîtresse ! vous avez donc oublié ce que vous a dit le pauvre Arsène ? »

À ce nom d’Arsène, l’étranger, qui l’examinait en silence, s’élança vers lui ; et, le relevant avec précipitation, s’écria fortement : « Arsène ! Arsène ! où est Narcisse ? » Ce nom, cette voix, cette apparition subite, faillirent déranger tout-à-fait la raison d’Arsène ; qui, fixant d’un œil éperdu celui qui l’interrogeait, lui dit d’une voix mourante, en montrant Sarah : « Voilà Narcisse ! »