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SARAH.

je vous ai mal entendu, ou que notre malheur trouble votre raison !

— Il a troublé la sienne, reprit Edwin ; elle s’est vendue pour nous rendre ce que Silvain nous enlève ! elle a un maître ! s’écria-t-il, en tombant presque sans vie sur le lit de son père.

— Où est Sarah ! qu’on appelle Sarah ! cria M. Primrose, aussi troublé que son fils. Sarah ! Sarah ! » et le nom de Sarah retentit bientôt dans toute l’habitation alarmée.

Sarah accourut à cette voix puissante et chère. Et, voyant M. Primrose, en désordre, et hors de lui-même pour la première fois de sa vie, elle se précipita à ses pieds, criant : Grâce ! comme si elle eût été coupable.

« Malheureuse enfant ! qu’avez-vous fait ? lui dit M. Primrose, d’une voix étouffée ; savez-vous que l’on peut donner la mort à ceux qu’on