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SARAH.

ame était remplie de cette joie triste qui naît d’un grand sacrifice fait à ce qu’on aime.

L’étranger, plus ému qu’il ne le témoignait, lui dit, en s’arrachant avec peine à cet entretien, qu’elle recevrait le lendemain le prix de sa liberté, consacré à M. Primrose. « C’est vous, Sarah, qui, devez le lui offrir ; c’est de vous seule qu’il daignera peut-être le recevoir. »

Alors elle quitta celui qu’elle regardait déjà comme son maître ; et, avant de s’endormir, elle remercia le ciel de ce nom d’esclave qui lui avait inspiré tant d’effroi.

Le lendemain, aux premiers rayons du jour, elle se leva ; l’étranger l’ayant fait demander par le petit Dominique, et la voyant arriver presqu’aussitôt, lui remit, sans parler, une donation de la moitié des immenses richesses qu’il possédait, et qui balançait la perte des biens de