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SARAH.

« Et ce frère, belle Sarah, celui du moins que j’ai cru tel, cet Edwin, si digne d’être aimé, vous pourrez donc le quitter pour moi ?

— Je devais le quitter bientôt, répondit-elle ; son père l’avait ordonné ; car je ne suis qu’une pauvre orpheline qu’il pouvait renvoyer. Cette séparation prochaine n’allait être que la preuve de ma soumission ; grâce à vous, elle le sera de ma reconnaissance ; je la trouve plus facile à présent.

— Et lui, Sarah, vous quittait-il sans peine ?

— Sans peine ! s’écria-t-elle ; … ah ! Monsieur ! … Mais, reprit-elle après un silence, je n’étais pas digne d’être la fille de M. Primrose ; car, sans la tendre pitié qu’il eut de moi, je serais depuis long-temps ce que je vais devenir par ma volonté, et, je puis dire, avec joie. » En effet, son