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SARAH.

dit que vous êtes sensible, et viens de l’éprouver. »

Sarah leva timidement les yeux sur M. Primrose : ce nom de père qu’il ne démentait pas l’avait fait tressaillir et rougir à la fois.

Quelques jours se passèrent sans que l’étranger pût quitter sa chambre. Il était silencieux, ne détournant qu’avec peine ses regards de Sarah, et soupirait souvent. M. Primrose, qui le jugeait atteint des peines de l’ame, se sentait attiré vers lui par un attrait puissant. Quelques discours, vagues pour tout autre, l’avaient instruit qu’un profond chagrin noircissait l’existence de son nouvel ami ; car, sans lui donner tout haut ce titre, c’était ainsi qu’il le nommait quand il en parlait avec lui-même ; et, quoiqu’il sentît le désir de le mieux connaître, il n’avait mêlé aucune question aux soins qu’il lui prodiguait. Seulement, il savait de