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SARAH.

semens des ramiers sauvages, et les cris aigres de quelques oiseaux de mer. Elle se confirma dans l’idée que le bon Arsène avait profité du départ de Silvain, pour hasarder le projet qu’il lui avait à moitié confié. Pour mieux s’en assurer, et comme la lune répandait un peu de lumière, elle descendit entre deux rochers, où elle savait qu’Arsène avait mis sa pirogue à l’abri de tous les mauvais temps, et ne la trouva pas non plus ; elle vit bien alors que son fidèle nègre était parti. N’en pouvant plus douter, elle sentit un grand chagrin de cette nouvelle preuve du dévouement d’Arsène : il lui semblait qu’elle demeurait plus abandonnée, plus menacée de tous les malheurs. Enfin, se flattant encore qu’il pourrait être aux alentours, elle répéta plusieurs fois : Arsène ! Arsène ! elle crut entendre la voix du nègre lui répondre ; puis elle