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SARAH.

d’orage faisait ployer sur le chemin.

Le lendemain se passa dans le même ravissement.

« Que je suis aimée de tous les anges ! disait-elle : je l’attends ! »

Trois jours s’écoulèrent encore ; et par degrés cette attente si douce devint un tourment amer : car, si tous les plaisirs de ce monde sont plus passagers que la vie, celui-là, dit-on, change le plus vite de nature : d’abord il satisfait l’ame comme le bonheur qu’il promet ; bientôt il importune tendrement le cœur, et devient enfin cette inquiétude brûlante dont Sarah se sentait dévorée. Des craintes sinistres s’y mêlèrent, lorsque l’ouragan, qui ne faisait que menacer la veille, effraya tout-à-coup l’île entière par sa violence et ses dévastations. Les arbres brisés, les pirogues et les cabanes de nègres emportées par la mer qui battait les rochers, furieuse de ne pouvoir les