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SARAH.

de moi. « Je ne crains rien de toi, me dit-il ; mais, entendant marcher dans les broussailles, je t’ai pris pour un blanc. »

Il me raconta sa fuite et ce qui l’avait causée, se trouvant si heureux dans ce bois, qu’il était résolu d’y mourir plutôt que de retourner au pouvoir des blancs. Je lui dis la même chose ; et j’appris de lui que rien n’avait changé depuis notre départ. On pensait que Narcisse, qui allait tous les soirs sur un rocher, s’était jetée dans la mer ; quelques-uns disaient même l’y avoir vu tomber, et les autres répondaient : C’est dommage. Pour toi, Arsène, les nègres enviaient ton sort ; mais nous disions : Il devait venir se réjouir avec nous avant de quitter l’île. Non, ajoutaient d’autres, il n’aurait pu se réjouir, car nous aurions pleuré de le voir libre.

Voilà tout ce qui s’est passé alors,