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MARIE.

tuelle. Il trouva le lendemain l’ami de son père, qui l’avait devancé aux travaux, s’occupant lui-même à passer en revue ses troupeaux nombreux. Il tendit la main à Olivier, et lui dit : « Chacun a ses peines ; tu vas en juger. Une bergère obscurcit ton sort ; tu languis loin d’elle, et l’âge destiné au bonheur pour les autres hommes, se passe pour toi comme une nuit d’hiver. Mon âge, moins brillant, mais paisible, se voit tout-à-coup tourmenté ; ma vie, troublée vers son déclin, est un jour qui va s’éteindre dans les nuages… Olivier, tu m’as donné ta confiance, reçois la mienne.

« Si je ne puis te guérir d’un chagrin qui charme ceux qu’il tue, aide-moi du moins à chasser le mien ; je veux m’endormir en paix. J’ai un fils, et un fils digne de moi ; mais si l’on meurt loin d’une maîtresse, il est difficile de vivre loin d’un fils ! Il s’est choisi une compagne ; mais, hélas ! hors de ce village. Comme Marie, elle fait la gloire