Page:Desbordes-Valmore - Les Veillées des Antilles, tome 1, 1821.pdf/90

Cette page a été validée par deux contributeurs.
75
MARIE.

C’est là qu’il entendait sans cesse la douce voix de Marie. Elle y vivait, elle y régnait avec ses grâces naïves, avec ce sourire de douleur qui la rendait si charmante dans leurs adieux. Poursuivi par cette image tendre qui semblait lui reprocher sa fuite, il l’emportait le matin dans les champs attristés par l’hiver ; après en avoir soupiré tout le jour, il rentrait avec elle, consumé d’une morne tristesse. Les veillées où la joie éclatait par des chants n’étaient pour lui qu’un surcroit de déplaisir ; sa voix ne se fit jamais entendre au milieu de cette mélodie rustique qui fatiguait son âme, au lieu de la distraire. Les jeunes serviteurs du vieillard, encouragés par le sourire de leur maître, rassemblés autour du feu, se livraient à toute leur gaîté ; mais c’était en vain qu’ils chantaient chaque soir aux oreilles d’Olivier :