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MARIE.

par la nuit, parla du temps, dit qu’il était orageux, nuisible à la terre, et trop chaud pour l’automne.

— Oui, dit-elle sans lever les yeux, le temps me pèse ! mais toi, Lucas, malgré l’orage, tu dois être content. — Il faut l’être de tout, dit-il en essayant de rire. — Oui, reprit-elle tristement, même du chagrin des autres. — Par votre bonté, s’écria-t-il, je n’ai pas un si mauvais cœur, et quand je vois de l’ennui sur un visage, cela m’empêche de chanter. — Ne me regarde jamais au visage, dit elle, car tu ne chanterais de long-temps. — Oh ! reprit-il, en cherchant une voix plus douce, elle doit être heureuse celle qui fait le bien, qui donne de petits troupeaux aux pâtres de son village, l’hospitalité à ceux qui n’en sont pas… — Ah ! cette bergère n’est plus heureuse, s’écria Marie, depuis qu’elle craint de voir des méchans autour d’elle. —

Lucas rougit, mais il faisait sombre, et il