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MARIE.

c’est pour t’avertir que tu vas avoir un petit troupeau, dont tu seras le maître à toi seul, dont tu pourras faire tout ce que tu voudras. J’y joins aussi cette jeune chèvre et son chevreau. Si quelque mouton vient à te manquer par la faute du loup ou bien autrement, viens aussitôt me le dire. Avec cela tu peux devenir riche et te marier à Rose qui t’a déjà donné son ruban, de quoi sa mère était fâchée. Elle ne sera plus fâchée quand elle te verra berger pour ton compte ; et moi je serai contente d’avoir ainsi fait ton bonheur et celui de Rose. Accepte donc, Lucas, et songe à moi le jour de ton mariage. »

Lucas prit tout sans rien dire, et s’en alla. Marie disait : « Il ne parle point, parce qu’il est surpris et troublé de joie. Que Dieu m’a fait de grâces en me rendant une riche bergère ! »

Depuis lors, ce mauvais pâtre n’avait pas