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MARIE.

Marie, sans cesser d’être à vous et avec vous… — Eh bien ! dit-elle avec une joie naïve, qu’il y reste avec moi ! et que ne pouvez-vous, berger, posséder de même tout ce que Marie possède et pourra jamais posséder ! Hélas ! vous n’avez qu’un mouton, vous qui savez si bien les conduire ; et j’en ai tant pour moi seule !… quand je sais à peine les garder !

Olivier ne pouvait respirer ni répondre : il était à deux genoux devant elle, et, ne pouvant détacher de son cœur le ruban qu’il venait d’y cacher, il voulut pourtant essayer de le rendre : il saisit la main de Marie, et l’approcha de ce cœur éperdu. Dieu ! comme il palpitait !… Marie eut peur, oh ! oui, peur d’avoir fait du mal au berger. Elle retira doucement sa main… sans le ruban. Elle était si bonne ! il était si beau !

— Et vous, petit agneau, dit-elle en respirant de son trouble, vous vous en passerez